Dans cette période Pascale, l’Eglise nous invite à annoncer le Christ Ressuscité. Pour beaucoup, c’est une période qui encourage à aller en mission vers des terres plus éloignées pour annoncer la Bonne Nouvelle de notre salut. Mais aujourd’hui, on voudrait souligner l’importance de percevoir cet envoi dans la routine, caché là où presque personne ne le voit.
Dans notre vie quotidienne, nous sommes entourés de tâches qui demandent des sacrifices concrets. Il peut s’agir d’un simple repas que l’on doit préparer, de la vaisselle qu’il faut laver, des couverts qu’il faut poser à la table qu’il faut débarrasser. Dans chaque détail de la vie, si nous sommes attentifs, nous sommes convoqués à donner toujours plus, surtout dans les petites choses.
Notre cœur s’émerveille en contemplant la vie des saints qui ont risqué leur propre vie dans de longues expéditions aux quatre coins du globe pour annoncer l’Evangile. Cet émerveillement n’est pas le même face à ceux qui n’ont fait (apparemment) rien de grandiose, parce que nombre d’entre eux aimaient à partir de chez eux, dans leurs familles ou dans le cloître d’un monastère. Nous fuyons la vie des Saints de l’Ordinaire. Mais pourquoi ?
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, qui fut une grande annonciatrice du Ressuscité qui est Passé par la Croix, avait bien compris que les toiles d’araignée qu’elle retirait des meubles de la cuisine de son Carmel pourraient être des marches de son escalier vers la sainteté. Sainte Jeanne Beretta Molla, une Italienne qui vécut sa sainteté à travers le mariage et son travail en tant que médecin, comprenait — dans chaque patient qu’elle recevait — la mission qui lui était confiée de soulager la douleur d’un malade inconnu, qu’elle ne reverrait peut-être plus jamais. Les travaux discrets (mais pas moins missionnaires) virent naître tant de saints au long de l’histoire de l’humanité (et le voient aujourd’hui encore).
La maison bien soignée, la vaisselle grasse (et parfois malodorante) bien lavée, le linge étendu… ce sont quelques exemples parmi les indénombrables tâches quotidiennes apparemment anodines, mais qui apportent d’énormes grâces de sanctification quand faites avec l’intention de soulager le fardeau de ceux qui habitent avec vous. L’accomplissement du devoir de chaque instant est aussi une annonce incarnée du Christ qui vit et qui se met au service de l’autre.
Sous cette optique, partir en mission, c’est sortir de soi constamment pour accomplir le commandement de Jésus aux siens : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Les petites (et répétitives) situations pénibles que nous vivons tous les jours doivent être donc des occasions concrètes d’aller à la rencontre de l’autre par nos œuvres, qui demeurent toujours la façon la plus efficace d’aimer.
Si vous n’avez pas l’argent, ou bien l’âge, pour traverser les continents et servir ceux qui souffrent le long des routes du monde, alors peut-être pourriez-vous trouver votre chemin de sainteté la prochaine fois que vous devrez nettoyer les toilettes chez vous. Ou désinfecter les produits qui arrivent su supermarché, en cette période de COVID-19. Ou bien finir le travail que le chef nous a confié au bout d’une journée fatigante dans l’entreprise. Nombreuses sont les occasions de partir en mission pour annoncer que le Christ est vivant, et heureux est celui qui trouve en chacune d’entre elles un sans plus grand : la Charité.
Que dans cette période de grande allégresse, vous puissiez redécouvrir la joie de cette possibilité pour accéder à la sainteté. Une annonce vous attend (et peut-être n’est-elle pas si loin…).
Le cœur de celui qui est dans la chambre voisine, ou sur un ordi à côté de vous, peut être votre terre de mission aujourd’hui. Qu’est-ce qu’il faudra faire pour la joindre ?
L’annonce du Ressuscité passe aussi par nos croix quotidiennes, celles qui restent cachées, que presque personne ne voit. La sainteté consiste à vivre le quotidien avec joie.