Lundi 26 septembre, les missionnaires de la Communauté catholique Shalom du monde entier se sont réunis pour une audience privée avec le Saint-Père, le pape François. La rencontre, qui s’est tenue dans la salle Paul VI du Vatican, a été diffusée en direct et suivie par des milliers de personnes. Pendant l’audience, les missionnaires ont renouvelé leur offre de vie aux pieds du Pontife, qui a eu l’occasion d’adresser quelques mots directement aux membres de la Communauté. Voici quelques extraits du discours de François.
L’importance de la naissance de la Communauté à l’offertoire de la Sainte Messe
« C’est important ! Elle n’est pas née « à la table », avec un beau plan pensé par lui ou par une autre personne. Elle est née dans la prière, dans la liturgie. L’épisode des Actes des Apôtres, quand Paul et Barnabé sont envoyés en mission, me vient à l’esprit – avec la juste proportion : il arrive au cours d’une prière communautaire dans laquelle l’Esprit Saint demande qu’ils soient envoyés en mission auprès des païens (cf. Ac 13, 1-3). C’est l’Esprit Saint qui fait vivre l’Église – ne l’oublions pas – qui la fait avancer. Et cela, il le fait avant tout dans la prière, et de manière particulière dans la liturgie. La liturgie n’est pas une belle cérémonie, un rituel dont nos gestes ou, pire, nos vêtements sont le centre, non ! La Liturgie est une action de Dieu avec nous, et nous devons être attentifs à Lui : à Celui qui parle, à Celui qui agit, à Celui qui appelle, à Celui qui envoie…Et ceci n’est pas hors du temps et de l’histoire, non, c’est à l’intérieur de la réalité historique, à l’intérieur des situations. Merci, Moysés, car votre expérience nous le rappelle.
Le nom « Shalom » n’est pas un slogan
« Votre nom est « Shalom ». Cette parole n’est pas un slogan, elle vient de l’Évangile, elle vient des lèvres et du cœur de Jésus ressuscité, qui est apparu aux disciples au Cénacle et leur a dit : « La paix soit avec vous » (Jn 20,19.21.26). C’est « Shalom », la paix pour vous. Cette paix du cœur, vous l’avez reçue de votre rencontre personnelle avec Jésus ressuscité et de l’expérience de son amour infini. Cette paix vous a réconciliés avec Dieu, avec vous-mêmes, avec les autres, et maintenant vous essayez aussi de la transmettre à toutes les personnes que vous rencontrez. Le mot « Shalom » est également gravé sur le « Tau », le crucifix que vous portez autour du cou, comme un signe du choix et de l’appel à être des disciples de Jésus partout ».
La communauté est « catholique »
« Et dans votre appellation, il y a aussi le mot ‘catholique’. La vôtre est une communauté catholique. C’est le nom de notre Église mère ! Catholique : pourquoi ? Et vous êtes nés dans son ventre. Vous avez valorisé les dons et la vivacité dont l’Eglise du Brésil est riche. Vous avez exploité le courant de grâce issu du Renouveau charismatique, qui a également nourri votre charisme. Vous avez placé la célébration eucharistique, l’adoration, la confession au centre. Vous avez mis l’accent sur la prédication, la musique, la prière contemplative individuelle et communautaire. C’est vraiment la richesse « catholique » et la richesse inépuisable qui se trouve dans l’Église et dans laquelle nous devons toujours puiser. Et quand vous dites « catholique », vous dites ça.
« En outre, votre Communauté est catholique parce qu’elle a toujours marché aux côtés des pasteurs de l’Église. Ce fut l’archevêque de Fortaleza de l’époque, le père Aloisio Lorscheider, qui suggéra à Moysés d’offrir quelque chose à saint Jean-Paul II, représentant tous les jeunes. Et l’Esprit Saint a inspiré Moysés à offrir sa propre vie. C’est l’évêque Lorscheider lui-même, un franciscain, qui a orienté l’identité spirituelle de la jeune communauté en recommandant les écrits de Sainte Thérèse d’Avila. Saint François et Sainte Thérèse sont les inspirateurs de votre parcours spirituel ».
Comment persévérer dans la prière et transmettre cette expérience à d’autres personnes ?
« Je dirais : souvenons-nous du verbe que l’évangéliste Jean répète tant de fois : » demeurer « . » Demeurez en moi » – Jésus dit : » demeurez dans mon amour » (15:4.9). « Demeurez « . Si nous restons unis au Christ comme des sarments à la vigne, nous persévérons et même nous contagiamo » demeurons « . Si nous restons unis au Christ comme des sarments à la vigne, nous persévérons et même nous contagiamo » demeurons « . Tout d’abord, si nous restons en Lui par la prière, l’écoute de la Parole, l’adoration, le chapelet, alors la sève de l’Esprit Saint passe de Lui en nous et nous pouvons persévérer. Mais nous pouvons aussi « infecter », n’en doutons pas !, Il l’a promis : celui qui demeure en Lui porte beaucoup de fruit, dit le Seigneur (cf. Jn 15,5). Le fruit est l’amour, et c’est l’amour du Christ qui touche le cœur des gens, où que nous soyons, dans tous les endroits. C’est à nous de demeurer en Lui, le reste est fait par l’Esprit Saint. C’est Lui qui est le protagoniste, pas nous : c’est Lui. Ne l’oubliez pas. C’est toujours l’Esprit Saint qui est le protagoniste de la croissance de l’Église, mais aussi de la croissance de mon âme ».
Comment préserver la jeunesse de l’âme ?
« Écoute, pour garder un esprit jeune, il faut rester ouvert à l’Esprit Saint : c’est Lui qui renouvelle les cœurs, qui renouvelle la vie, qui renouvelle l’Église, qui renouvelle le monde. Nous ne parlons pas de la jeunesse physique, mais de la jeunesse d’esprit, qui brille dans les yeux de certaines personnes âgées plus que dans ceux de certains jeunes ! Ce n’est pas une question d’âge. En outre, comme l’a dit saint Jean-Paul II lors de la JMJ en 2000, « celui qui demeure avec les jeunes reste jeune » (cf. la veillée à Tor Vergata). Si une personne âgée s’isole, évite les jeunes, elle vieillit plus vite. Au contraire, il est beau et enrichissant de passer du temps avec les enfants, les adolescents, les jeunes ; non pas pour les « copier » – c’est ridicule -, non pas pour prêcher, mais pour les écouter, leur parler, leur raconter quelques expériences… ».
L’importance du protagonisme des jeunes dans l’Église
« Et concernant le protagonisme, je dirais deux choses. La première est le protagonisme de la sainteté. Je pense à Carlo Acutis, un exemple récent, mais avant lui Piergiorgio Frassati, avant lui encore Gabriel dell’Addolorata , Thérèse de l’Enfant-Jésus, François et Claire d’Assise, qui étaient jeunes, et ainsi de suite jusqu’au premier et parfait disciple : Marie de Nazareth qui était une jeune fille quand elle a dit « me voici ». Tous ces saints ont édifié l’Église et l’édifient encore par leur témoignage, répondant à la grâce de Dieu. Deuxième aspect : en tant que pasteurs, envers les jeunes, nous devons apprendre à ne pas être paternalistes. Parfois, nous impliquons les jeunes dans les initiatives pastorales, mais pas pleinement. Nous risquons de les « utiliser » un peu, pour faire bonne impression. Mais je me demande : on les écoutons vraiment ? »
Comment être les amis des pauvres et aider les autres à avoir cet amour ?
» Je ne vous donnerai qu’un exemple : une jeune religieuse, inconnue à l’époque, a répondu à l’appel de Dieu pour être proche des pauvres à Calcutta. Elle s’appelait Sœur Teresa. Où a-t-elle trouvé la force de sortir dans les rues tous les jours pour recueillir les mourants ? Elle l’a trouvée dans son Seigneur Jésus, qu’elle recevait et adorait chaque matin, et qui lui disait : « J’ai soif ». Et elle sortait alors et le reconnaissait dans les visages de ces personnes abandonnées. Et nous savons ce qui s’est passé : d’abord quelques jeunes femmes, puis des dizaines, puis des centaines ont suivi son exemple, et d’autres l’ont rejoint en tant que bénévoles. Près d’ici, à une centaine de mètres de l’endroit où nous nous trouvons, il y a une maison, appelée « Don de Marie », où les Missionnaires de la Charité accueillent quelques personnes. Je laisse ceci comme une réponse et une provocation ».
Une invitation à la responsabilité et à la prudence
« Comme je l’ai mentionné précédemment, votre communauté est née d’un acte de don de soi. C’est une grâce, car elle a suscité et suscite encore chez de nombreux jeunes le désir d’un même don de soi. Mais c’est aussi une invitation à la responsabilité et à la prudence. La proposition de don de soi, en effet, sans renoncer à montrer la beauté de la vocation de disciple, doit savoir respecter la liberté des personnes, savoir attendre les différents temps de maturation de chacun et l’accompagner avec délicatesse et discernement dans le choix de l’état de vie à embrasser et dans le choix de la vie communautaire. La docilité à l’Esprit Saint, l’expérience et l’écoute de l’Église Mère vous enseigneront à toujours éviter toute forme d’ingérence dans la conscience personnelle ; elles vous enseigneront à faire en sorte que les diverses formes de votre vie communautaire sauvegardent toujours la juste autonomie et les besoins des différentes vocations : des prêtres, des personnes mariées et de celles qui ont fait le choix du célibat pour la mission ».
Poursuivre le chemin
« Chers amis, au cours de ces quarante années de votre histoire, la physionomie de la communauté s’est tracée – il y a les traits essentiels, constitutifs – mais c’est un processus qui n’est pas encore achevé. Votre fondateur est toujours à votre tête et vous êtes donc toujours dans une phase « fondatrice ». Je vous incite à rester dociles à l’action de l’Esprit, ouverts à l’écoute mutuelle et aux orientations de l’Église, afin de discerner comment poursuivre au mieux votre chemin ».