Cadette d’une fratrie de quatre enfants, j’ai grandi dans une famille catholique pratiquante, entourée de beaucoup d’amour. Dès ma petite enfance, je me montrais déjà très timide, anxieuse et il m’était difficile de me séparer de ma mère lorsqu’elle me laissait à l’école ou chez d’autres personnes de la famille. Vers l’âge de neuf ans, de nombreuses angoisses sont apparues en moi, se traduisant notamment par des douleurs au niveau de la cage thoracique. Un profond mal-être s’est insidieusement installé, ainsi que des sentiments de tristesse, d’amertume et même de jalousie envers les autres. A dix ans, cette souffrance intérieure s’est tellement intensifiée que durant cinq jours j’ai cessé de me nourrir, de dormir, de me laver ou même de jouer comme les enfants de mon âge. Pendant la nuit, de violentes sensations d’étouffement s’emparaient de moi, ainsi que des nausées tout au long de la journée. Cela s’est quelque peu apaisé lorsqu’une amie de ma mère a posé le mot « angoisse » sur ma douleur.
Par la suite, j’ai continué à grandir et j’ai traversé l’adolescence en conservant cette fragilité. Elle se traduisait par une peur intense de tomber malade ou une impression de mort imminente. Je luttais contre toute cette angoisse par une rigidité de pensée et c’est à ce moment-là que je me suis lancée à corps perdu dans le travail scolaire pour ne me laisser aucun temps libre, aucun espace pour penser. Ma première expérience avec Dieu fut Marie qui m’a beaucoup soutenue durant cette période difficile et a enlevé de nombreuses pierres de mon chemin. Mon rapport à la morale devint aussi très rigide, mais était sans amour. Je me confessais tous les mois à un prêtre ami de la famille, et je crois que c’est ce qui m’a permis de rester accrochée à Jésus malgré mes tentations d’éloignement vers l’âge de quinze ans. Suite à une retraite spirituelle dans une abbaye, le désir de me rapprocher de Dieu s’est néanmoins réveillé.
A la fin de l’adolescence, le mal-être qui m’habitait devint encore plus fort. En réalité je ne m’aimais pas. J’étais exigeante envers moi-même et je ne me pardonnais pas les moindres fautes que je commettais. Je détestais mon corps. J’étais blessante envers les membres de ma famille, les accusant des maux intérieurs qui m’accablaient. Mes crises d’angoisse se sont transformées en attaques de panique. Elles me terrifiaient et leur fréquence ne cessait d’augmenter.
Il m’apprend à me regarder avec beaucoup de douceur parce que Lui-même pose un regard miséricordieux sur moi et que Son Cœur, qui renferme un trésor de grâces infinies, bat pour moi.
J’ai alors rencontré la communauté Shalom par le biais d’un ami. J’ai tout de suite été touchée par l’ouverture de cœur, la disponibilité et la simplicité des missionnaires. Très tôt, je me suis beaucoup rapprochée de l’une d’entre eux et je lui ai partagée mes combats. Elle m’a alors proposée de m’accompagner spirituellement. Cela faisait huit mois que je demandais à Dieu, par l’intercession du Saint Curé d’Ars, de mettre sur mon chemin un accompagnateur spirituel, et voyant à ce moment-là un signe de Dieu, j’ai accepté. J’ai alors commencé la première étape du parcours Ordo Amoris, qui s’appelle Tu es Précieux. Pendant dix jours, je priais avec un court passage de la Bible, et cela a complètement changé la vision que je portais sur la vie. Pendant dix-neuf ans, j’étais restée accrochée à la prière malgré le désespoir dans lequel étais plongée mon âme, j’avais crié vers Dieu durant de longs mois et l’avait supplié d’écouter mes prières sans recevoir de réponses. Du moins c’était ce que je pensais. En fait, j’ai compris à ce moment-là que Dieu avait toujours été près de moi parce qu’il m’aimait. Je comptais plus que tout au monde à ses yeux, et il avait même donner jusqu’à sa vie pour que je sois heureuse. Ces dix jours de prière ont permis à Dieu de guérir beaucoup de blessures, mais aussi l’image déformée que j’avais de Lui et de moi-même. J’ai compris que Dieu est un père qui chérit ses enfants et les comble de ses bienfaits en surabondance.
Aujourd’hui, âgée de vingt-et-un ans, Jésus poursuit ses merveilles dans ma vie grâce à la prière et aux sacrements de l’Eglise. Il m’apprend à me regarder avec beaucoup de douceur parce que Lui-même pose un regard miséricordieux sur moi et que Son Cœur, qui renferme un trésor de grâces infinies, bat pour moi. Mes crises d’angoisses se sont dissipées car Jésus qui est Seigneur a comblé mes questions existentielles. Le voile de la tristesse et de l’amertume s’est levé parce que l’Esprit Saint a visité mon coeur. Depuis presque un an, je poursuis un chemin vocationnel au sein de la communauté pour connaître la Volonté de Dieu dans ma vie et je découvre chaque jour le bonheur de tout vivre en Dieu.