DÉCLARATION DES ÉVÊQUES DU BRÉSIL SUR LA SITUATION NATIONALE
Le président de la Conférence Nationale des Evêques du Brésil (CNBB) a diffusé, ce jeudi 14 avril 2016, une Déclaration à propos de la situation nationale, au cours des discussions de leur 54 ème Assemblée Générale, qui s’est déroulé à Aparecida, dans l’état de Sao Paulo, du 6 au 15 avril 2016. A cette occasion ont participé l’archevêque de Brasilia et président de la CNBB monseigneur Sergio da Rocha, l’archevêque de Salvador et le vice-président monseigneur Murilo Krieger, ainsi que l’évêque auxiliaire de Brasilia et secrétaire général, monseigneur Leonardo Steiner.
Face à la crise éthique, politique, économique et institutionnelle que traverse le pays, l’épiscopat brésilien invite instamment à une « une authentique et profonde réforme politique » et il exorte « le peuple brésilien à préserver les valeurs de la coexistence démocratique, le respect du prochain, la tolérance et le sain pluralisme, promouvant le débat politique avec sérénité. Les manifestations populaires pacifiques contribuent à renforcer la démocratie. Les moyens de communication des médias ont une importante responsabilité d’informer et de former l’opinion publique avec fidélité aux faits et avec respect de la vérité ».
DÉCLARATION DES ÉVÊQUES DU BRÉSIL SUR LA SITUATION NATIONALE
Libre Traduction du Portugais réalisé par Jean Vingt.
Communauté Catholique Shalom
Texte approuvé par les évêques réunis à l’occasion de leur 54ème Assemblée Générale
« Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21).
Nous, évêques catholique du Brésil, réunis à Aparecida, à l’occasion de la 54 ème Assemblée Générale de la Conférence Nationale des Evêques du Brésil (CNBB), face à la profonde crise éthique, politique, économique et institutionnelle que traverse le pays, nous portons, dans nos réflexions, prières et préoccupations de pasteurs, tout le peuple brésilien, car, « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ » (Gaudium et Spes, 1).
Après vingt ans d’un régime militaire, le Brésil a repris l’expérience d’un Etat de droit démocratique. Dans cette conquête ont eu un rôle déterminant, entre autres, les mouvements populaires, organisations étudiantes, ouvrières, paysannes, artistiques et religieuses. Depuis ce temps, le pays vit l’un des plus longues périodes démocratiques de son histoire républicaine, dans laquelle de nombreux évènements ont aidé au renforcement de la démocratie brésilienne. Parmi eux, le mouvement « Diretas Já! » (expression portugaise, qui signifie « des élections directes maintenant » NDLR), l’élaboration de la « Carta Cidadã » (un document de la liberté, de la dignité, de la démocratie et de la justice sociale du Brésil » NDLR), l’expérience des premières élections avec scrutin direct et d’autres mobilisations pacifiques.
En ce moment, une fois encore, le Brésil, est confronté à une conjoncture difficile. Emergent des scandales de corruptions sans précédent dans l’histoire du pays. Il est vrai que l’origine des scandales de cette nature ne date pas d’aujourd’hui ; cependant, ce que révèle la situation actuelle a des connotations bien particulières et un impact dévastateur. On parle de chiffre qui dépasse la compréhension de la majorité de la population. Chefs d’entreprises, politiciens, fonctionnaires sont impliqués dans un schéma qui, au-delà du fait d’être immoral et criminel, font des ravages.
Qui paye pour la corruption ? C’est certainement les pauvres, les « martyrs de la corruption » (Pape François). En tant que pasteurs, nous sommes solidaires avec la souffrance du peuple. Toutes les accusations de corruption doivent continuer à être rigoureusement examiné. Les accusés devront être jugés par les instances compétentes, qui respectent le droit de défense ; les coupables, punis et les dommages, dûment réparés, afin que soit garantie la transparence, le rétablissement de la crédibilité des institutions et le retour de la justice.
La forme avec laquelle se réalisent les campagnes électorales favorise un copinage politique qui contribue fortement aux crises comme celle que traverse actuellement le pays.
Une des manifestations les plus évidentes de la crise actuelle est la procédure d’« impeachment » de la Présidente de la République.
La conférence Nationale des Evêques du Brésil accompagne avec attention ce processus et espère une procédure appropriée de la part des instances compétentes, en respectant le code juridique de l’Etat de droit démocratique.
La crise actuelle met en évidence la nécessité d’une authentique et profonde réforme politique, qui assurent une participation populaire effective, favorisant l’autonomie des Pouvoirs de la République, restaurant la crédibilité des institutions, garantissant la bonne gouvernance et garantissant les droits sociaux.
En accord avec la Constitution Fédérale, que les trois Pouvoirs de la République (judiciaire, exécutif et législatif NDLR) respectent leurs obligations et leurs responsabilités. Le bien de la nation requiert de la part de tous le dépassement des intérêts personnels, partisans et corporatistes.
La polarisation de positions idéologiques, dans un climat émotionnellement tendu, engendre la perte de l’objectivité et peux mener à des divisions et des violences qui menacent la paix sociale.
Nous appelons le peuple brésilien à préserver les valeurs de la coexistence démocratique, le respect du prochain, la tolérance et le sain pluralisme, promouvant le débat politique avec sérénité. Les manifestations populaires pacifiques contribuent à renforcer la démocratie. Les moyens de communication des médias ont une importante responsabilité d’informer et de former l’opinion publique avec fidélité aux faits et avec respect de la vérité
Nous croyons au dialogue, en la sagesse du peuple brésilien et dans le discernement des dirigeants dans la recherche de chemins qui garantissent la sortie de la crise actuelle et la préservation de la paix dans notre pays. « Tous les chrétiens, y compris les Pasteurs, sont appelés à se préoccuper de la construction d’un monde meilleur » (Pape François)
Nous demandons la prière de tous pour notre Patrie. Du Sanctuaire de Notre Dame Aparecida, nous invoquons la bénédiction et la protection de Dieu sur toute la nation brésilienne.
Aparecida – SP, 13 Avril 2016.
Dom Sergio da Rocha
Archevêque de Brasília Président de la CNBB |
Dom Murilo Sebastião Ramos Krieger, SCJ
Archevêque de São Salvador de Bahia Vice-Président de la CNBB |
Dom Leonardo Ulrich Steiner
Evêque Auxiliaire de Brasília Secrétaire-General de la CNBB |