À la solennité du Corpus Christi, nous ne célébrons pas un souvenir du passé, mais la présence vivante de Jésus. Avant de partir, à la dernière Cène, lors de ses adieux, il a eu une élan créatif unique d’amour. Une créativité qui a dû mûrir lentement dans sa conscience de Fils de l’Homme et de Fils de Dieu, alors qu’il a dû penser aussi, non sans un zeste d’angoisse, à la question : « Je serai crucifié, mourirai , et retournerai auprès du Père. Que laisserai-je à mes disciples comme présence permanente et sûre de mon amour ? »
Il est vrai qu’il avait déjà donné quelques indications sur ce qu’il voulait faire, mais ils ne l’avaient pas compris, ou plutôt l’avaient mal interprété : « Comment peut-il nous donner sa chair comme vraie nourriture, et son sang comme vraie boisson ? » C’est ce que nous entendons le plus. Mais lors de la dernière Cène, Jésus vit que le moment était venu, le moment opportun pour le faire, et Il célébra la première Eucharistie vivante, étant toujours présent au milieux des siens. Nous ne pourrons jamais comprendre ce geste d’amour et de foi qui enserre en lui toute notre espérance et qui nous nourrit sur le chemin de la vie.
Il y a une logique derrière tout cela. C’est une communion de vie. La vie a de multiples facettes, c’est pourquoi nous parlons de vie intellectuelle, de vie psychique, de vie humaine, de vie spirituelle, etc. Enfin, toutes ces vies ont besoin d’avoir une existence équilibrée et de qualité, de bien se nourrir. Et Quelle est la nourriture de la vie intellectuelle ? C’est vaincre l’ignorance, l’analphabétisme. Tout comme celle de la vie humaine, c’est d’avoir une bonne alimentation, d’un climat sain, etc. Et de quoi se nourrit-on pour avoir une vie spirituelle de qualité ? Il ne s’agit pas d’une question rhétorique ou anodine, mais d’une question fondamentale. Notre âme, notre esprit, a besoin de se nourrir pour vivre en communion avec Dieu. Elle le fait par la lecture de la Parole, par l’exemple des bons serviteurs de Dieu, par les biographies des saints, en se nourrissant quotidiennement de la prière. Mais il ne fait aucun doute que l’aliment le plus précieux pour une vie spirituelle de qualité, c’est l’Eucharistie.
Il faut tourner toute notre attention vers ce mystère, vers cette présence vivante de Jésus au milieu de nous, et nous nourrir de Lui ; c’est ce que Lui-même nous dit – celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le Dieu vivant et vrai, et celui que tu as envoyé – nous vivons déjà, à travers l’Eucharistie, la Vie en plénitude.
Dans de nombreux endroits, on célèbre cette fête avec de belles processions. Ce sont des manifestations extérieures de la foi tout à fait bonnes et saines, mais nous ne pouvons ni ne devons rester dans l’aspect extérieur, il faut entrer dans le mystère et vivre cet amour plein et total du don réciproque.
Jésus se donne à chacun de nous, et nous devons nous donner à Lui. Dans ce don de soi qui réalise l’amour dans sa plénitude et sa totalité, puisse Marie, mère de l’Eucharistie, qui a célébré la première le mystère de l’Incarnation, nous aider à avoir Jésus non seulement dans nos pensées, mais, par l’Eucharistie, à faire de Lui la vie de notre vie.
Offrir à Dieu notre meilleurs
La personne de Melchisédek m’a toujours interpelé. Je voulais savoir qui il était et pourquoi il a une telle importance dans la liturgie sacerdotale. J’ai consulté les Google de la vie, ainsi que des livres et des encyclopédies, sans jamais y arriver.
Ma grande conclusion, c’était, en fait, aucune. Tout le monde prétend en savoir un peu sur lui, mais ce que nous savons, c’est qu’il était païen et qu’il est allé rendre visite à Abraham ; qu’il a offert du pain et, surtout, ce qu’il avait. Cependant, si nous nous refletons un peu mieux sur cette personne, nous découvrirons deux réalités importantes : la première, qu’il était prêtre et que, par un dessein de Dieu, il devient, quoique païen, ami d’Abraham, offrant un sacrifice de paix pour le bien de tous. Et nous pouvons alors voir une préfiguration de ce que sera l’Eucharistie : non plus un sacrifice sanglant, mais un sacrifice de paix, de pardon et d’amour.
La deuxième réalité, c’est que Melchizédek est prêtre pour toujours. Il ouvre les portes non pas à un sacerdoce temporaire, passager, mais à un sacerdoce pour toujours, et nous savons que, pour Jésus, le sacerdoce n’est pas dû à une caste, une famille, une tribu, mais c’est un don éternel de Dieu. Que le prêtre Melchisédech, saint et paisible, nous aide en ces temps où des nuages sombres s’abattent sur les prêtres, sachant que sa lumière, même dans la nuit, brille toujours.
Vous ferez cela en mémoire de moi
Paul ne parle pas beaucoup de l’Eucharistie, mais il dit ce qui est le plus important : que ce qui est le plus important à son sujet, c’est son contenu, mais plus encore que le mot Eucharistie lui-même, un mot qui n’est utilisé ni par les évangélistes ni par l’apôtre Paul. Nous savons que l’Eucharistie signifie action de grâce, et Paul, en quelques mots, nous raconte comment s’est déroulée la première célébration. Paul ne dit pas grand-chose au sujet de l’Eucharistie, mais il dit ce compte le plus : ce qu’il y a de plus important dans l’Eucharistie, c’est son contenu, bien plus que le mot « Eucharistie », qui, en lui-même, n’est utilisé ni par les évangélistes ni par l’apôtre Paul.
Nous savons qu' »Eucharistie » signifie action de grâce, et Paul, en quelques mots, nous raconte comment s’est déroulée la première célébration eucharistique : Jésus prend le pain et le donne, prend le vin et le donne, transformés dans sa chair et dans son sang, disant aux disciples de célébrer sa mémoire. C’est ce que l’Église n’a jamais cessé de faire depuis lors. Chaque fois que nous nous réunissons pour célébrer ce mystère, c’est Jésus qui nous rassemble, et nous avons la beauté de l’Église, de la communauté. Sans l’Eucharistie, il n’y a pas l’Église et, pire encore, pas de présence vivante de Jésus.
Le pain descendu du ciel
Ma tentation est d’inviter tous les lecteurs à prendre une après-midi de silence et à rester devant le Saint Sacrement exposé. À regarder Jésus dans l’ostensoir pendant une bonne heure, dans le calme, sans chant ni paroles, puis à lire attentivement, calmement et avec amour l’Évangile du jour (Lc 9, 11b-17), qui raconte la multiplication des pains. Ensuite, en fermant l’Évangile, à rester encore une heure à demander à Jésus de parler cœur à cœur de son amour.
L’Eucharistie n’est pas une chose sur laquelle la science, la chimie, les intellectuels ont beaucoup à dire. C’est un mystère de l’amour qui ne peut être compris que dans la mesure où nous aimons. Le Pain n’est pas descendu du ciel pour y retourner, mais à nous y ramener par l’ascenseur de l’amour et de la foi. Il en vaut la peine, chaque jour, qu’il pleuve ou qu’il vente, d’aller au rendez-vous avec Jésus dans l’Eucharistie.
Une école de prière
Seul en communion avec Dieu nous nourrissons notre âme. Soyons de nouveaux Christs qui rompent le pain, en étant comme Lui : des prêtres, des prophètes et des rois. « Cette mission trouve son sens plénier dans le Christ et ne se comprend qu’à partir de lui. Au fond, la sainteté, c’est vivre les mystères de sa vie en union avec lui. Elle consiste à s’associer à la mort et à la résurrection du Seigneur d’une manière unique et personnelle, à mourir et à ressusciter constamment avec lui. Mais cela peut impliquer également de reproduire dans l’existence personnelle divers aspects de la vie terrestre de Jésus : sa vie cachée, sa vie communautaire, sa proximité avec les derniers, sa pauvreté et d’autres manifestations du don de lui-même par amour. La contemplation de ces mystères, comme le proposait saint Ignace de Loyola, nous amène à les faire chair dans nos choix et dans nos attitudes. Car ‘tout dans la vie de Jésus est signe de son mystère’, ‘toute la vie du Christ est Révélation du Père’, ‘toute la vie du Christ est mystère de Rédemption’, ‘toute la vie du Christ est mystère de Récapitulation’, et ‘tout ce que le Christ a vécu, il fait que nous puissions le vivre en lui et qu’il le vive en nous’. » (Gaudete et Exsultate, 20).